Vie personnelle et vie privée : l’équilibre déchiré !

La gestion de l’équilibre « vie privée / vie professionnelle » est un des concepts les plus récents pris en compte comme facteur de risques psychosociaux.

La réduction du temps de travail…

C’est également un grand paradoxe : Bien que le temps de travail ait tendance à diminuer ces dernières années, de plus en plus de salariés ont l’impression que leur vie professionnelle grignote leur vie privée.
Est-ce parce que la charge de travail reste identique malgré la diminution du temps de travail ? Est-ce dû au stress ? Aux nouvelles technologies permettant d’être joignable 24h/24 ? Ou est-ce simplement un glissement culturel avec l’arrivée des générations Y et Z ?

Mais question au-dessus de toutes les autres : est-ce à l’entreprise de gérer cette problématique ? N’a-t-elle pas déjà suffisamment à faire que de s’occuper de la gestion des 24h sur une journée de ses collaborateurs.

De quoi parle-t-on ?

La gestion de l’équilibre « vie privée / vie professionnelle » ou plutôt le déséquilibre perçu par le salarié peut être défini comme la perception par le salarié d’un manque de temps sur sa journée pour faire tout ce qui est prévu ou désiré.
On voit déjà apparaître une nuance entre « prévu » comme avoir un parent à charge, ou « désiré » comme aller se promener dehors pour profiter d’un rayon de soleil. Au final, peu importe. Que cela soit « important » ou « futile », pour le salarié, c’est un élément majeur de sa qualité de vie au travail et donc d’engagement dans l’entreprise.

Pour preuves les résultats de 2 grandes études sur la qualité de vie au travail qui ont montré que :

  • 31% des salariés disent ne plus être capables de concilier leur équilibre « vie privée / vie professionnelle ».33% des salariés disent sacrifier leur temps de sommeil pour pouvoir concilier leur équilibre »vie privée / vie professionnelle ».

Alors oui, quand 1/3 de salariés sont à risques d’insatisfaction ou de manque de sommeil à l’origine d’une baisse de performance et d’un désengagement dans l’entreprise, alors oui, l’entreprise qui croit au capital humain doit s’occuper de cette problématique.

Les raisons de la montée en puissance de ce sentiment de ne plus arriver à concilier « vie privée / vie professionnelle »

Ce changement est d’abord un changement culturel. Les salariés ne souhaitent plus que leur journée ne soit remplie que par le travail et que leur loisir se limite au  week-end.  Exit le « Métro-Boulot- Dodo ».

Cela peut s’expliquer par 5 facteurs :

  • La baisse de la valeur ou de l’intérêt du travail avec la déshumanisation perçue au niveau des salariés (Disparition des entreprises paternalistes, internationalisation avec prise de décisions locales au niveau international).
  • La sensation d’une accélération du tempo professionnel cultivée au sein des entreprises par de toujours trop nombreux objectifs et missions à mener en même temps et dans des délais toujours plus courts.
  • L’augmentation du temps libre par la mise en place des 35h et des congés spéciaux (ex : congé paternité).
  • L’éclatement du modèle familial des années 1970-80 avec la féminisation du travail et la redéfinition du rôle de père.
  • Le rôle facilitateur des NTIC peut également renforcer ce sentiment car, à tout moment, le salarié a l’impression d’être en contact avec son entreprise et donc ne se sent pas libéré pour profiter de son temps libre.

Pour preuve, 67% des salariés disent être sollicités pour le travail en dehors des heures de travail. Néanmoins, pour beaucoup de cadres, les nouvelles technologies sont vécues positivement à cause d’une plus grande flexibilité.

Les entreprises qui doivent prendre en charge cette problématique :

Pour aborder cette question, il faut recenser, au sein de l’entreprise, les salariés ressentant ce déséquilibre, quel que soit leur raison.
Par exemple, plus de 50% des salariés ne s’occupent pas de leurs enfants comme ils le souhaiteraient. 16% des salariés s’occupent régulièrement d’un proche dépendant, et jusqu’ à 22% pour les salariés de plus de 50 ans.

La Génération Y , c’est-à-dire les salariés en dessous de 30-35 ans, a dans ses gênes cette notion d’équilibre « vie privée / vie professionnelle » et donc souhaite avoir un contrôle de sa journée.

Les salariés stressés constituent également une grande part de ces salariés qu’il faut accompagner car leur stress est la trace du travail qu’ils ramènent chez eux.
Sans parler du nombre toujours plus grandissant de salariés en épuisement psychologique dont l’équilibre « vie privée / vie professionnelle » est totalement rompu. Et que dire des autres ?  Est-ce parce qu’ils ne se plaignent pas qu’il ne faut pas les intégrer dans une démarche générale ?

Ce sont donc toutes les entreprises, quels que soient leur taille, leur CA, leur domaine d’activité, qui devraient se saisir pro-activement de ce sujet.

Quelques Chiffres clefs

Une information intéressante, pour convaincre les entreprises : le lien « invisible » entre  cette problématique d’équilibre et l’absentéisme  est particulièrement explicite :

  • 29% des salariés ont connu au moins 1 absence non prévue (c’est-à-dire hors maladies ou accidents ou congés spéciaux).
  • Pour les salariés avec soucis personnels, ce chiffre monte à 33% (Soit + 4%).
  • Pour les salariés avec un de leurs proches leur causant des soucis, ce chiffre monte à 32% (Soit + 10%).
  • 40% des arrêts de travail sont des arrêts inférieurs à 3 jours à l’origine d’ une grande désorganisation dans l’entreprise.

(Sources baromètre Malakoff Médérick 2014)

Les enjeux pour l’entreprise

Les enjeux pour l’entreprise se résument en 4 points :

  • Améliorer l’efficacité de ses salariés en renforçant leur satisfaction au travail et leur engagement au sein de l’entreprise.
  • Diminuer l’absentéisme et le présentéisme.
  • Attirer les talents sensibles à ce facteur
  • Préparer l’avenir

Au niveau des salariés, les bénéfices suivants impacteront directement leur niveau d’engagement :

  • Un plus grand épanouissement au travail.
  • Une diminution du stress.
  • Un gain de temps pour plus d’activité et ainsi une amélioration de l’hygiène de vie importante pour la santé et l’évacuation du stress.

Pourtant, quand on interroge les dirigeants et leurs salariés sur les facteurs à mettre en place pour améliorer la qualité de vie au travail, la différence de perception est saisissante : la conciliation « vie privée / vie professionnelle » arrive en 9ème position avec 12% des suffrages pour les dirigeants alors qu’elle est en 3ème position avec 37% des suffrages pour les salariés.

Quelles solutions pour les entreprises ?

Il faudra savoir diversifier les solutions et les adapter en fonction de l’activité de l’entreprise, des spécificités des populations salariés (âge / sexe / autres) et de cas particuliers. Par exemple, des modifications seront différentes entre des fonctions administratives et des ouvriers en travail répétitif.

Néanmoins, on peut distinguer 2 types de solutions à mettre en place au sein de l’entreprise :

La première solution consiste à un changement des principes de management de ses ressources humaines. Pour évaluer le changement à mettre en place, il faut analyser les 4 axes suivants dans l’entreprise :

1 – L’organisation du travail et de ses rythmes

2 – Les règles de gestion des salariés (écrites ou tacites) dans les différents services de l’entreprise

3 –  L’adhésion à la stratégie et à la vision de la direction

4 – La satisfaction des salariés

La deuxième solution consiste à aider individuellement les salariés

1 – Mise en place de services externes

2 – Accompagnement sur les facteurs de bien-être et de santé au sein de l’entreprise

3 – Formation sur la gestion des priorités et du temps professionnel.

 

MYsommeil – Anthony Dubroc