Que répondez-vous lorsque l’on vous demande ce que c’est que d’être libre ? Le plus souvent, nous affirmons que notre liberté repose sur le fait de pouvoir faire ce qui nous plait ! En fait, il s’agit bien d’une liberté basée sur notre envie et la possibilité de vivre selon notre bon vouloir. Rêve idéal ou position envisageable ?

Moins nous aurions d’obligations et plus notre liberté pourrait grandir. Comme une obligation nous impose de faire quelque chose, elle devient lourde et pénible. Rendre service, aller au boulot, assurer de longs repas de famille sont des contraintes que nous pourrions écarter puisqu’elles rétrécissent le champ de notre liberté et même notre plaisir. Ce serait tellement mieux de n’avoir aucune contrainte.  Mais est-ce que la liberté se construit uniquement sur le fait de faire uniquement ce qui nous plait ?

 

 

Etre libre de prendre du plaisir

C’est assez agréable de considérer que la liberté repose sur le fait de faire ce que l’on veut ! Lorsque cette question est évoquée avec des cadres sous pression, je perçois combien ils aspirent à sortir de leur fameux carcan quotidien : « Et si j’avais la liberté de rester tranquillement chez moi plutôt que d’aller bosser !! » Au fond, je mesure combien leur fatigue leur fait entrevoir un sentiment idéal de liberté, associé au refus des obligations de la vie ordinaire. Ne plus avoir à collaborer avec tel ou telle, ne plus être accablé par une mission, vivre la joie de se centrer sur des passions si essentielles…

En ce sens, être libre serait de répondre à chacun de ses désirs et même de ses caprices. C’est certainement de cette acceptation que naissent beaucoup de nos frustrations… dans la mesure où nous fantasmons sur une fausse liberté.

Le plaisir peut lui aussi devenir une contrainte quand il est « subi » ! Rester tranquillement chez soi est assurément plus plaisant que d’aller travailler. Néanmoins, en fuyant le travail, nous cédons à notre nonchalance plutôt qu’à notre engagement ; et devant l’immédiat, il peut être plus facile de privilégier la passivité face à l’action, le plaisir face à la raison !

C’est certainement ce « plaisir » qui s’appuie sur une certaine immoralité, car finalement, nos désirs peuvent alors devenir nuisibles. En agissant uniquement comme il nous plait, nous écartons, et même fuyons, notre responsabilité sociale : fuir notre mission professionnelle, même si elle nous semble accablante, c’est aussi imposer à nos collègues ou collaborateurs des contraintes nouvelles du fait de notre distance.

Se sentir libre ne passe pas par la mise en danger des autres, car la liberté, en tant que valeur forte, est fondée sur le vivre ensemble… Elle ne peut donc pas reposer sur la possibilité de faire uniquement ce que l’on veut !

 

Et si la liberté était davantage un choix ?

C’est Descartes qui évoque la liberté d’indifférence, celle que nous utilisons lorsqu’un choix ne nous apparait ni bon ni mauvais… parce que, dans notre regard, toutes les solutions se valent ! Or, si l’on admet qu’un véritable choix ne peut se fonder sur le hasard ou au gré des aléas, cette liberté devient celle de l’indifférence et diminue notre liberté à son plus bas niveau ! Derrière ce raisonnement, se cache une véritable définition de la liberté, celle qui admet le plaisir à se soumettre à l’obligation parce que nous l’avons choisie, précisément parce qu’elle nous parait juste et en lien avec la raison qui fonde notre chemin de vie. Il s’agir de la liberté éclairée, fondée sur notre capacité à réfléchir. C’est aussi ce que l’on appelle la maturité : nous nous soumettons à aller au travail car nous sommes en mesure de saisir seuls la nécessité de cette obligation. Et si ce job ne nous convient plus parce qu’il s’écarte de nos valeurs, de nos visions, de notre sérénité, la liberté de choix se situe à un autre niveau que le seul renoncement en s’appuyant soit sur la recherche d’une solution autour de réajustements incontournables ou de se lancer sur une autre voie.

La culture, l’estime de soi, la socialisation sont en réalité des contraintes qui nous rendent humains et nous encouragent dans la progression. Cette réalité permet d’accorder le choix avec le plaisir.

 

En mai, fais ce qu’il te plait ! Toute l’année, fais ce qui te plait… à condition que votre liberté soit bien un choix et non un abandon devant vos inclinaisons. Pour changer de cap dans votre vie personnelle ou professionnelle, appuyez-vous sur la raison, afin d’effectuer un véritable choix, lui-même fondé sur une réflexion élaborée à partir de vos valeurs morales et politiques.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]